Matin Faire coulisser le vantail droit de la porte-fenêtre Renifler Sortir dans le jardin Faire pipi sur la pelouse exilée qui se demande évidemment ce qu'elle fout là, elle qui manque d'eau la moitié de l'année et qui en a trop l'autre moitié
Saluer les arbres du talus, les oiseaux, le soleil levant Se saluer soi-même au retour difforme et fripé dans le reflet de la vitre Appuyer sur le bouton rouge de la cafetière électrique fin XXème Glou-glou du temps qui passe avec le café, l'un trop vite, l'autre pas assez Frigo, beurre, confiture Maie, pain un peu sec, brioche, crêpes Tiroir, couteau, cuiller Pour un Téléphone , code pin, lumière bleu pâle de l'écran 6h53 Le café passe pleine balle, crachote et postillonne dans son filtre Joie de l'a-linguisme précoce, du silence sur la langue, du mutisme matinal Contrariée ou prolongée par le besoin de réécouter le bout de morceau enregistré hier et de fredonner Atteindre sans effort le fond de la gorge de Johnny Cash ou de Barry White Couper la crêpe en deux à la main Ça fait deux crêpes Étaler le beurre salutaire qui glisse sous le couteau Rouler la crêpe, la tremper dans le café noir avant chaque bouchée Boire une gorgée de café pour faire descendre les vivres dans la cale, là où tout se passe ce matin Déposer le mug dans l'évier et ranger chaque chose Éponger soigneusement la table qui ploie sous les miettes et un gros reste de sommeil Se doucher, réveiller son corps Se sécher Se raser S'habiller de frais Un coup d’œil au miroir, pour vérifier quoi au fait ? Se pencher, saisir la poignée du sac De la main gauche saisir la poignée de la porte Faire glisser, sortir, la refermer derrière soi Devant la maison regarder à nouveau le ciel de ce matin naissant Sentir le sens et la vitesse des nuages, sentir le vent dans ses étages Prendre une très grande et très douce inspiration, mobiliser ses membres, ses articulations Et d'un pas s'envoler avec son grand silence 21 8 2020 Skeudenn : LJS, Diabarzh mirdi Guggenheim e Bilbao (Euskadi)
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