Bolomig gouañv / Bonhomme hiver
Bolomig gouañv traverse la forêt d'hiver en dansant. Il tourne sur un pied dans un sens, puis sur l'autre pied dans l'autre sens. Il fait froid mais il porte quatre manteaux. Dans les plis des deux premiers les mouches dorment. Entre le 3ème et le 4ème manteau, il y a des ossements. Il transpire beaucoup en dansant sous ses épais manteaux. Entre sa peau et son premier manteau, l'eau court où nagent des poissons doucement sous la surface. Il danse, il avance en riant. Parfois un renard tombe de son dernier manteau et disparaît entre les arbres. Une chouette blanche s'envole. Un ou deux lièvres variables, comme des tombées de neige blanche.
Les arbres portent des fanions de glace stalactite. A la pointe de chacune de ces "dents de Janvier" une goutte gelée qui brille au soleil froid. Le bolomig danse et tourbillonne dans des gerbes de mésanges bleues et de rouge-gorges voletants.
Et puis il s'amoindrit à mesure que l'air se réchauffe et que les bourgeons gonflent aux arbres. Le jour s'allonge. La forêt s'illumine. Les silences de l'hiver s'endorment au concert des buses altières, au ballet des fubus.
Le bolomig disparaît derrière le dernier arbre, au sortir de la forêt.
Et voilà une merlette, un merle. Elle fait trois pas vers l'arbre, lui aussi. Un pas pour elle , un pas pour lui. Distance respectable, respectée pour se séduire l'un l'autre. Distance et proximité. Toutes deux vibrantes. Équilibre tout autour. Tendu.
C'est le Printemps !
Gwez ar gouañv, Lokemo. Skeudenn : LJS
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