Si j'étais un petit esprit de l'air, un de ceux qui vivent à hauteur de papillon, je jouerais à sauter d'une goutte à l'autre avant qu'elle ne touche le sol. Avec mes semblables on ferait la course à qui monterait le plus haut sur les gouttes qui tombent. Bond, appui, rebond, appui, changement de patte, volte, double bond. Course de vitesse. Ce serait comme nager à contre-courant, mais très vite et vers les nuages. Et une fois revenus au sol on s'amuserait à esquiver chaque goutte en imaginant les plus incroyables contorsions. Une folle danse collective où seuls les tambours de la pluie donneraient le rythme et où l'impact de chaque nouvelle goutte évitée serait célébré par nos cris. La réussite de nos acrobaties produirait des "han, "splish", "hey", "splash", "hou", "flek", "hin" et les petites victoires des voisins des "hi hi" et des "ha ha".
Les yeux qui accepteraient le pacte ne sauraient où porter leurs regards et s'émerveilleraient devant les limbos, les mambos, les hakas, les danses africaines. Quel spectacle ce serait! Et quand la flaque serait assez profonde et large pour faire un miroir, on pourrait nager dans le ciel. Et puis on se lancerait des poignées de boue en hurlant et en évitant de canarder les oiseaux. Et quand on nagerait on ferait des vagues bleues et blanches dans le ciel et le ciel deviendrait beige avec des nuages marrons. Alors on sortirait de la flaque ciel, on se sécherait en roulant sur les mousses et on goûterait le soleil revenu. Pendant un moment, on comprendrait le temps sans os des insectes. On aurait à peine le temps de reprendre notre souffle qu'une autre idée folle jaillirait et nous mettrait en route. - Hey, tu vois ce que je vois ? Des iris-catapultes, des osiers-haubans et des camélias-toboggans ! Non, viens on fait la course avec les cousins et les libellules ! - Bon, d'accord ! 28 09 2020 er Roc'h Ugu.
Skeudenn : LJS, stang aogerezh er Roc'h Ugu.
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